Cette publication est la plus récente de l'auteur sur Cairn.info. Il semble que l’écologie, en France, ait toujours été une pomme de discorde. 22Pourquoi l’enfance ? En réalité, elle ne se passe pas, car la vérité ne peut être que la rencontre d’un désir ardent avec l’impossibilité de le satisfaire : elle ne se donne qu’en tant qu’elle est éclatée. La modalité de l’être que découvre le sujet, chez Kafka, n’est plus celle de l’identité, mais celle de l’étrangeté, ou de l’exclusion. À Kafka : pourquoi la toupie, pour mettre en scène le philosophe ? Quand Bertolt Brecht est arrêté, il fuit à Paris de peur d'être arrêté à son tour. Penser la technique au temps de la mort du… l’homme occidental et qui s’établit en tant que nouveau rapport à ce qui est, à l’étant, de même que nouvelle articulation du Sein dans son ensemble. [5] ». 21La toupie, dans le texte, a plusieurs statuts, à partir desquels on peut tisser plusieurs interprétations. Il introduit ainsi le terme « surliminal » pour désigner, par opposition à « subliminal », ce qui est trop grand pour être perçu : quand il est question de 200 000 morts, il devient impossible à quiconque de ressentir de la douleur[8]. 4Dès à présent, nous voyons qu’à côté de l’évidence des liens entre littérature et philosophie dans l’œuvre de Kafka, se tisse un lien plus conflictuel : la question n’est pas neutre, le dialogue pas toujours amical. Pensons par exemple à la parabole « Devant la loi ». C'est bien ce que nous cherchons à être. [8] ». La philosophie moderne implique que l’Homme domine la Nature à laquelle il n’appartient pas et s’en extirpe à l’aide de la connaissance et de la technique. Steer, and A. K. Thorlby. Dans la troisième, dont le titre « Être sans temps » parodie celui de l'Être et Temps de Martin Heidegger, Anders analyse la pièce En attendant Godot de Samuel Beckett comme peinture réussie d'un état de désœuvrement généralisé, propre à l'homme moderne[10]. Günther tente en 1929 d'obtenir une habilitation à l'université de Francfort, sous la direction de Paul Tillich, en présentant ses recherches philosophiques sur les situations musicales. Voir : Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme. Et la forme sous laquelle est représenté le doute : le roman dialogué. Il est le deuxième enfant des psychologues William et Clara Stern mais aussi le cousin de Walter Benjamin. Günther Anders : Die Sprachelegie 363 Werner : Verwandlung des Dichters 366 Hermann Broch: Diejenigen, die im kalten 367 Stephan Hermlin: Ballade von den alten und neuen Worten 368 Rose Ausländer: Schallendes Schweigen 371 Nicht Oktober nicht November 372 17 . Bertolt Brecht lui trouve un travail dans un journal de Vienne ; il y publie des textes philosophiques, des poèmes, des articles sur tous les sujets dont personne ne veut (faits divers et autres). Dans le Journal, Kafka rapporte un événement marquant de son enfance : un soir, alors qu’il est captivé par une lecture, on le contraint à l’interrompre pour aller se coucher. Cet appel a été largement entendu par les premiers concernés : les philosophes. Von 1945 bis 1955 war Anders mit der österreichischen Schriftstellerin Elisabeth Freundlich verheiratet, die er als Redakteurin des Feuilletons der Austro-American Tribune in New York kennengelernt hatte. Ancien élève de Husserl et Heidegger et premier époux de Hannah Arendt, il est connu pour être un critique de la technologie important et un auteur pionnier du mouvement antinucléaire. Kafka aurait pu se contenter de décrire l’arrivée de l’homme de la campagne devant une porte, devant laquelle se tient un gardien, qui lui en refuse l’accès. Son père, un célèbre psychologue, était un représentant typique du judaïsme libéral et assimilé qui avait salué l'acquittement du capitaine Dreyfus comme un triomphe de la justice. La principale critique couramment faite à l’encontre de Günther Anders est à l’origine celle émise par Adorno. Günther Anders 1. F. Kafka, « Esquisse d’une autobiographie », in. Pauline Bouteiller, Clémence Fallet et Pierre Peigné, dans, « L'Homme sans monde », trad. Car il découvrit dans Le Château, le « pendant littéraire de [son] anthropologie philosophique » : « L’impossibilité d’arriver dans le monde dont souffrait l’arpenteur K me stimulait, dit Anders : car dès mes premières esquisses d’une anthropologie philosophique, j’avais déjà donné cette définition de l’homme : l’être vivant qui vient au monde inachevé et indéterminé, c’est-à-dire qui ne semble destiné à aucun monde défini. Anders pose cette question à Kafka (à ses textes) avec une certaine violence, une forme de suspicion. Or l’étranger n’est pas, car le mot Sein a, comme l’écrit Kafka, “une signification double en allemand” : “être-là” et “lui appartenir”. Ne parvient-il pas à poser ainsi, à travers la fiction, la question de la connaissance en ses principes ? Dans le livre Sur la pseudo-concrétude de la philosophie de Heidegger[14], il tente une critique qui se veut radicale de l'ontologie heideggerienne présente dans ses textes d'avant la Seconde Guerre mondiale, notamment dans Être et Temps (1927), et sur le concept de Dasein[15]. Elle lui est refusée à cause des réserves émises par l'un des membres du jury, assistant de Tillich : Theodor W. Adorno[1]. modifier - modifier le code - modifier Wikidata. Si l’on fait une lecture d’inspiration andersienne, on peut avancer l’hypothèse selon laquelle l’enfance est, chez Kafka, l’attitude paradigmatique de mise en scène de l’exclusion. Il participe à ses séminaires avec Hans Jonas et Hannah Arendt, avec qui il est marié de 1929 à 1937. Anders, Günther. Vers la Grèce antique. Paul Ricœur. Il faut présenter de façon outrancière les objets dont l’importance est minimisée Günther Anders (1956) Il faut présenter de façon outrancière les objets dont l’importance est minimisée Günther Anders (1956) CULTURE ET DÉTOURS Contre une variante américaine de la psychanalyse Günther Anders 1953. Comme le souligne Günther Anders, « la terre n’est pas menacée par des gens qui veulent tuer les hommes, mais par des gens qui risquent de le faire en ne pensant que techniquement […] économiquement et commercialement. C’est cet éclatement qui permet à Kafka de tenir ensemble la littérature et la philosophie, quête désirante d’une vérité possible. Puis il émigre aux États-Unis, s'installe en Californie à Los Angeles où son père a une chaire de professeur et va exercer divers petits métiers tels que répétiteur d'une fille d'Irving Berlin et travailleur en usine. En 1950, deux articles de grande qualité scellent cet intérêt anglo-saxon pour l’œuvre de Sartre en général, et pour l’Esquisse d’une théorie des émotions en particulier, dans cette période d’immédiat après-guerre. Le gardien voit arriver un homme de la campagne qui sollicite accès à la Loi ». Car cette manifestation de la vérité dans son éclatement (en même temps que dans le désir d’interprétation qu’elle suscite) est caractéristique de la tradition juive, et notamment des récits talmudiques. Anders cite la fin du Procès, lorsque K. dit au prêtre : « Mais je ne suis pas coupable, c’est une erreur. ), Günther Anders, revue. Erst sehr spät geriet mir noch die ebenfalls sorgfältig erstellte Bibliographie von Eckhard Wittulski (1992) in die Hände. Il était apatride, et cela l’avait fait perdre, aux yeux des autorités françaises, « sa personnalité, son identité, son droit à l’existence ». Vous n’êtes actuellement pas connecté(e) en institution. Elle est aussi un jouet d’enfant : la toupie, ce serait donc le monde pour les enfants, ou vu par les enfants. Avant toute chose, l’exagération correspond pour lui à une intention politique : « Le mignon est donc une catégorie politique.», « La contre-action : l’activité de ceux qui mènent les faits minimisés à la hauteur du visible, qui rendent leur format approprié aux phénomènes réprimés, qui corrigent le défiguré, est désignée [sic] d'« exagération ». Sur le même thème. FIGUIER Richard, Olivier Mongin. Ce qu’Anders reproche à Kafka est d’avoir poussé à bout (mais à un bout qui le fait sortir de la philosophie) le renversement de la logique cartésienne : le moi découvre en lui un étranger, qui devient un coupable, ce qui ne lui permet pas, à lui pas plus qu’à nous, lecteurs, de sortir du doute. Stern lui demande alors de le nommer autrement, le rédacteur décide ainsi de le nommer « Anders », ce qui veut dire « autrement » en allemand. Le principal sujet de ses écrits est la destruction de l'humanité. Nous proposerons alors une lecture du texte « La toupie [2] », dans lequel Kafka met en scène un philosophe, qui n’est pas loin d’être ridicule. [4] ». L’exagération relève du discours faux, de l’inadéquation des choses et de l’intellect. La morale de K., alors, repose sur l’obéissance. Un retour critique (entretien) Paul Ricœur. Dans un élan presque compulsif fait d'admiration, d’identification et de fascination, ils commencent chacun, simultanément, à écrire sur lui. Le sens du texte se dérobe à nous, et nous faisons alors l’expérience de ce qu’Anders appelle l’abandon propre à la fiction : « Il nous abandonne avec toute une pluralité d’interprétations simultanément offertes, mais sans déclaration admise comme vraie. Et si ce raisonnement n’était qu’écran de fumée ? Elle est ce derrière quoi court le philosophe (ce qu’il recherche), et il convient de noter que cette quête est d’une très forte intensité désirante dans le texte : elle lui permet de faire le vide et le silence autour de lui, au début du texte, pour n’être concentré que sur la seule toupie. Mettre en garde contre la panique que nous semons est criminel. Cette locution, par ailleurs, prépare la fin du texte, qui met en scène une confusion totale entre le sujet de l’expérience (le philosophe) et son objet (la toupie) : car c’est déjà le philosophe qui est visé par l’adjectif « ridicule », lui qui va finir par quitter les lieux en « titubant comme une toupie sous un fouet maladroit ». Du strict point de vue du récit, aucun élément narratif n’en aurait été modifié. Mais cette expérience va échouer – et c’est en cela que le philosophe va nous apparaître comme un personnage pathétique. ), Philippe Gruca, « Le Principe immanence », dans, Philippe Gruca, « De Günther Anders à l'obsolescence de la décroissance », dans, Christophe David (ed. Günther Anders Bd. L'argent : d'un soupçon à l'autre. », 7Cette évidence à écrire sur Kafka fut aussi ressentie par Anders comme une nécessité philosophique. Car Anders remarque toutefois que Joseph K. – il s’agit cette fois du Procès – n’est jamais dans l’adhésion définitive. Il y aurait chez Kafka un déficit de vérité, en somme, qui ferait de la fiction un barrage contre la possibilité même de la philosophie. Et l’on pouvait penser qu’au fond, pour nous et nos pareils, le difficile était de ne pas écrire sur Kafka. Titre : Une interprétation de l’a posteriori. Le mouvement qui est décrit dans la dernière phrase du texte ressemble bien à quelque chose comme l’éclatement d’un ballon de baudruche qui serait gonflé, gonflé, et qui éclaterait. Dans cette perspective, il n’y aurait sans doute pas lieu de s’intéresser davantage à l’exagération. De la nostalgie au deuil. Néanmoins, Anders se pose la question de l’intention de Kafka : pourquoi décrit-il les effets de cette situation sur le sujet ; est-ce pour dénoncer l’impossibilité d’appartenir au monde, ou pour glorifier, poétiquement, les contours de cette nouvelle condition humaine ? La tâche morale la plus importante aujourd'hui consiste à faire comprendre aux hommes qu'ils doivent s’inquiéter et qu'ils doivent ouvertement proclamer leur peur légitime. Nous devons par conséquent les aider. Le « je » du « je pense » ne s’identifie plus à celui du « je suis », il y a au contraire entre eux le fossé béant de la non-appartenance. Nous souhaitons ici partir de la lecture de Günther Anders [1], parce qu’il tente de la façon la plus directe et la moins prudente, d’affronter la question qui nous intéresse : peut-on dire que Kafka était philosophe ; ou qu’il a exprimé des « pensées de philosophe » ? Le premier est écrit par Günther Stern, le second par Frederik Jacobus Johannes Buytendijk3. Car celle-ci reposait sur la découverte du Moi dans la transparence de la conscience, et dans l’identité à soi de la pensée. L'œuvre de Günther Anders s'inscrit dans un rapport critique à la philosophie, qu'il convie à s'intéresser non à elle-même mais au monde, à commencer par ce qu'il considère comme les deux événements majeurs du XXe siècle : Auschwitz et Hiroshima[6].